Quand avec Aymeric nous avons décidé de créer ce blog je me suis longtemps interrogée sur quel serait le sujet du premier article. J’ai longuement hésité entre vous parler d’un nouveau projet, d’une récente découverte, de notre nouvelle vie en Suisse, ou revenir sur un évènement marquant de ces derniers mois. Au fur et à mesure des jours le sujet s’est finalement comme imposé. Je voulais, devais vous parler plus en détail du Kilimandjaro.
Bien que nous ayons fait le récit de notre ascension sur notre page Instagram, nous recevons très régulièrement des messages privés pour parler plus en détails de cette aventure. J’espère que ce premier article à mi-chemin entre une FAQ et le carnet de voyage vous plaira.
Le Kilimandjaro, mais pourquoi ? Comment en êtes-vous arrivés à vouloir faire ça ?
Je pense que cette question regroupe la grande majorité des réactions de notre entourage quand nous leur avons dit que nous voulions tenter l’ascension du toit de l’Afrique. Il faut dire qu’avant notre voyage autour du monde, ni Aymeric ni moi n’étions des aficionados de la randonnée, de la montagne ou même du camping !
Pour comprendre il faut donc revenir au tout début de notre voyage autour du monde. A notre première étape, l’ile de la Réunion et ses randonnées incroyables. Nous y avons passé 5 semaines durant lesquelles nous avons randonné approximativement 50% de notre temps. Autant vous dire qu’on a plus qu’accroché avec la rando, alors que notre condition physique n’était pas optimale nous y avons connu notre première ascension : le Pithon des neiges. 3070m, le point le plus haut de l’océan Indien (rien que cela). Une première difficile pour moi, autant vous dire que je ne me suis pas dit que je recommencerai le lendemain, j’étais tout de même très fière d’y être parvenue.
De son côté Aymeric a adoré l’expérience, le challenge sportif, le dépassement de soi…
Puis en Décembre 2020, nous voilà au Guatemala avec l’opportunité d’aller au sommet de l’Acatenango pour observer les éruptions permanentes du volcan El Fuego. Et je pense que c’est à ce moment que l’appétence pour les ascensions et l’envie de découvrir l’alpinisme a démarré pour Aymeric. Après cette incroyable expérience, il ne pensait qu’à la prochaine ascension que nous pourrions faire pendant notre voyage. En Équateur, nous avons atteint le sommet de l’Illiniza norte, 5126 mètres, découvrant pour ma part, le mal des montagnes, mais également la randonnée en cordée. Et là c’était parti pour de bon. Aymeric était totalement mordu. Nous étions à peine redescendus de l’Illiniza qu’il contactait des guides de montagnes au Pérou pour pouvoir aller encore au-delà, avec pour objectif final de grimper le Potosi en Bolivie.
Et c’est en redescendant du Potosi, qu’il m’a dit vouloir gravir le Kilimandjaro.
Alors je ne vais pas vous mentir, n’ayant pas réussi à atteindre le sommet du Potosi, je n’étais clairement pas dans le mood pour me projeter sur un autre sommet. J’ai répondu un truc du genre « oui, oui tu as raison si tu veux le faire, fais le …. Sous-entendu, fais-le sans moi, j’ai donné haha ».
Mais comme le garçon est un peu têtu, il n’a pas abandonné l’idée de m’emmener avec lui. Et après s’être bien documenté sur le sujet et m’avoir expliqué que cela serait plus simple que le Potosi car pas de neige, pas de piolets, moins haut et moins froid. Je me suis dit pourquoi pas et puis une part d’ego aussi, j’avais le sentiment d’avoir « échoué » sur le Potosi, je voulais prendre ma revanche sur le toit de l’Afrique.
Mais pourquoi spécifiquement le Kilimandjaro ?
Comme je vous le disais plus haut, Aymeric a développé un fort attrait pour le trek et les ascensions pendant le voyage. Il a commencé à se renseigner sur le sujet et à rêver de gravir la plus haute montagne de chaque continent. Les fameux 7 sommets. A savoir (c’est la minute culture), Everest pour l’Asie, le Kilimandjaro pour l’Afrique, L’Aconcagua pour l’Amérique du Sud, Le Mont McKinley en Amérique du Nord, Le Puncak Jaya en Océanie, Le Massif Vinson en Antarctique et l’Elbrouz pour l’Europe (et non pas le Mont Blanc).
Et il s’avère que le Kilimandjaro fait partie des plus « accessibles » en termes de technicité, logistique mais aussi en terme pécunier. Car ce genre d’expédition demande souvent pas mal de ressources humaines et matériels et aussi du temps pour avoir la bonne fenêtre météo. C’est comme cela qu’il s’est présenté à nous, enfin à Aymeric surtout.
Comment avez-vous choisi votre route ?
Il existe plusieurs routes pour accéder au sommet du Mont Kilimandjaro. Elles sont plus ou moins longues et plus ou moins techniques. Il faut compter selon la route entre 5 et 9 jours de trek. Pour rappel le sommet se trouve à 5895m et les départs de tous les treks autour de 1400-1500m. Cela fait plus de 4000m de dénivelé à gravir. Cela demande un peu de temps pour parcourir les km mais surtout il faut du temps à votre corps pour s’acclimater au changement d’altitude et éviter tant que possible le mal des montagnes. Ayant déjà expérimenter le mal des montagnes par deux fois en Équateur, je savais que j’avais besoin de temps. Une ascension trop rapide ne fonctionnerait pas pour moi. De plus nos compagnons d’aventure n’avaient quant à eux aucune expérience de la haute montagne. Aymeric a donc proposé la voie Lemosho en 8 jours.
Comment vous vous êtes préparés ?
Si vous nous suivez depuis assez longtemps, vous savez qu’en janvier et Février 2022 nous avions suivi un programme d’entrainement avec Thomas en Savoie, renforcement musculaire, ski de rando, course à pied. Dans le but de préparer l’ascension (que nous n’avons finalement pas faite) de Mars 2022.
Entre Mars et Octobre il s’est passé 6 mois et nous avons repris une vie « normale », et surtout une activité professionnelle. On avait clairement moins de temps pour s’entrainer. Néanmoins nous avons maintenu une séance de renforcement par semaine avec notre coach et maintenant amie Anne, un peu de course à pied et de la rando pour se maintenir en forme. Vous vous en rendrez compte dans la suite de l’article mais contrairement à ce que l’on peut entendre il ne s’agit pas que d’une grosse rando sur plusieurs jours. Je vous recommande vraiment d’être actif et de vous maintenir en bonne condition physique avant d’entreprendre l’ascension.
Comment avez-vous organisé votre voyage ?
Il faut savoir qu’il n’est pas possible d’entreprendre le trek du Kilimandjaro tout seul. Il faut obligatoirement passer par une agence et toute l’organisation qui va avec. Véhicule, porteurs, guides assermentés par le gouvernement…
Cette fois ci pour ne prendre aucun risque d’arnaque nous avons fait confiance à Colours africa tour. C’est avec eux que nous avions fait les safaris en Mars après notre mésaventure. Nous leur avons exposé nos souhaits et notre budget et ils nous ont fait une proposition plus que correcte. J’ai également contacté d’autres agences locales et internationales pour avoir quelques devis comparatifs. Colours Africa Tour faisait partie des plus compétitifs avec un tarif de 1860$ (dollars)
Dans notre cas, l’agence s’est chargée des points suivants :
- Transferts depuis et vers l’aéroport ;
- Frais d’entrée dans le parc national du Kilimandjaro pour la durée du trek ;
- Frais de camping dans le parc national du Kilimandjaro pour la durée du trek ;
- Matériel de bivouac (sauf sac de couchage) ;
- Guides et porteurs ;
- Nourriture et eau pour la durée du trek ;
Ce qui n’est pas inclus :
- Visa d’entrée en Tanzanie ;
- Matériel de randonnée (vêtements, chaussures, bâtons, …) ;
- Nourritures avant et après le trek ;
- Tips pour l’équipe. C’est un budget non négligeable dans le coût total du trek, j’y reviendrai.
Une fois que nous avions convenu avec l’agence du tarif et des dates, nous avons réservé nos billets d’avion. Nous sommes passés par la compagnie Ethiopian Airline.
Vol Aller au départ de Paris CDG pour Kilimandjaro Airport avec une escale à Addis Abbaba ou peut-être Addis Adeba ou Addis Addeba (en vrai : Addis Abeba) ; personne ne se met d’accord sur l’orthographe. Bref en Éthiopie. Escale au milieu de la nuit d’une durée de 4h. Il existe des vols avec Air France via Amsterdam mais beaucoup (genre le double) plus chers.
Pour le retour, même compagnie, même escale, mais cette fois-ci au départ de Zanzibar. Oui nous nous sommes accordés quelques jours de plage après le trek !
Pour les Visas rien de plus simple la démarche se fait en ligne via le lien disponible sur le site de France diplomatie, ou directement à l’aéroport d’arrivée.
Et du coup, comment se sont passés ses 8 jours ?
Pour ne pas rendre cet article encore plus long, je ne vais pas ici vous raconter la totalité du trek en détails, je prendrais peut-être le temps d’en faire un article mais en attendant vous pouvez retrouver notre récit dans nos stories à la une sur Instagram
Néanmoins je vous mets ici le détail de nos étapes :
Jour 1 : Lemosho Gate – Mti Mkubwa Camp. 6km, 550m D+, environ 2h30
Jour 2 : Mti Mkubwa – Shira 1. 8km, 750m D+, environ 4h30
Shira 1 – Shira 2. 8km 200m D+, un peu plus de 3h
Jour 3 : Shira 2- Lava Tower. 7km, 750m D+, environ 4h.
Lava Tower – Barranco Camp. 4km, 700m D-, environ 1h30
Jour 4 : Barranco Camp – Karanga Camp. 6km, 300m D+, environ 4h
Jour 5 : Karanga Camp- Barafu Camp (Base Camp). 3.5 km, 600m D+, environ 3h30
Jour 6 : Barafu Camp – Uhuru Peak (Sommet). 6km, 1300m D+, entre 6 et 8h (On a mis 7h30)
Uhuru Peak – Millenium Camp. 2000m D-, 4h30
Jour 7 : Millenium Camp – Mweka Gate. 13km, 2600m D-, 4h
Si vous avez vu nos stories détaillant notre aventure, vous savez que nous avons finalement fait le trek en 7 jours et non 8. Voyant que nous marchions bien, Francis, notre guide principal nous a proposé de doubler une des étapes. De notre point de vue, 7 jours de trek c’est vraiment le minimum pour avoir de bonnes chances de réussite. La plus rapide des routes ne compte que 5 jours. C’est évidemment moins cher, mais le taux de réussite est de 50% contre plus de 75% pour une route en 7 jours.
Globalement cela s’est très bien passé. Les guides et les porteurs qui s’occupaient de nous étaient adorables et vraiment très professionnels, nous ont apporté beaucoup de conseils et de soutiens et c’est en partie grâce à eux que nous sommes arrivés au sommet.
Notre cuisinier nous a régalé pendant toute l’aventure. Au cours de ce trek vous aurez surement froid, mal aux jambes, vous serez fatigués mais je peux vous assurer que vous n’aurez pas faim ! Cuisine grand luxe (crêpes, œufs, pates bolognaises, frites…).
Les journées de trek étaient bien équilibrées entre les kilomètres, le dénivelé et surtout l’acclimatation à l’altitude. Pas de difficultés techniques. La partie la plus difficile est (selon moi) l’ascension finale qui peut sembler interminable (plus de détails dans nos stories). Mais tout cela vous l’oubliez assez vite lorsque vous réalisez l’exploit réalisé.
Et combien ça coûte ?
Le package Kilimandjaro nous a couté 2920$ par personne (2955 euros, Octobre 2021). Les détails ci-dessous :
- Vols France – Tanzanie : 760$ (vol effectué en Octobre 2021, pour info en Mars 2021 nous avions payé 550$)
- Visa Tanzanie : 50$
- Package Kilimandjaro agence : 1860$*
- Tips pour l’équipe de guide et porteurs : 230$**
- Repas le premier soir et le dernier soir du trek : 20$ (environ)
En plus dans notre cas :
- Location sac de couchage : 30$
- Location Camel bag : 10$
*Attention, les prix pratiqués par les agences dépendent énormément des prestations choisies, du nombre de jours de trek, du niveau de confort mais aussi du nombre de participants. Dans notre cas en étant 5, le prix était plus intéressant que si nous n’avions été que 2 ou 3.
** Concernant les pourboires, il y a quelques « règles » à respecter pour les montants en fonction des différents rôles dans l’équipe de porteurs (guides, cuisinier, assistant cuisinier, porteurs…). Je vous invite à vous renseigner auprès de votre agence et sur internet (ICI par exemple). N’oubliez pas que les pourboires représentent 50% du salaire des porteurs.
Votre retour d’expérience, A qui est ce que vous le recommanderiez ?
Nous avons vraiment aimé ces journées de trek avec notre dream team. Les paysages sont vraiment grandioses, l’équipe qui nous accompagnait était très professionnelle et chaleureuse. Nous avons passé de très bons moments.
On est super contents et fiers d’être arrivés en haut et on ne regrette pas de s’être préparé en début d’année avec Thomas et d’avoir continué à nous « entretenir » avec Anne. Car contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas que d’une longue randonnée de plusieurs jours sans difficultés techniques. C’est vrai mais ce n’est pas tout. L’altitude rend évidemment l’exercice plus difficile surtout si vous ne prenez pas assez de temps entre deux étapes pour vous acclimater. L’ascension finale est très (vraiment très) longue, difficile et demandeuse physiquement et mentalement.
C’est aussi et surtout une aventure humaine, avec Agathe, Seb et Virgile nous partageons des souvenirs de cette incroyable expérience et nous n’oublierons jamais le staff qui nous a permis d’arriver en haut.
Donc oui on recommande à 100% cette expérience si vous aimez la randonnée, le challenge, les aventures humaines. Vous ne le regretterez pas.